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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/130

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histoire des églises et chapelles de lyon

ailleurs un asile plus propice. Une propriété située à l’extrémité du faubourg de Vaise, chemin des Deux-Amants, attira leur attention. Elle réunissait en effet toutes les conditions favorables : l’éloignement des bruits de la ville, de vastes bâtiments, quelques hectares de jardin ; enfin une source abondante alimentait la propriété. Le domaine fut acquis au prix de 70.000 francs, et le 18 mai 1820, exactement trois ans après leur arrivée à Lyon, les réparations achevées, elles s’y installèrent.

La fondatrice de la communauté dont elle fut longtemps supérieure, appartenait à l’une des plus nobles familles de la Bohême, celle de Spandal, dont plusieurs membres avaient rendu des services signalés à l’empire, en qualité d’officiers dans l’armée autrichienne. Elle fit ses études dans un pensionnat dirigé par des religieuses Notre-Dame ; puis un premier noviciat ; toutefois, sentant en elle le désir d’une vie plus parfaite et plus mortifiée, elle fut poussée à entrer aux Clarisses. Là n’était point encore sa vocation ; lorsqu’elle connut la règle de Saint-Benoît, elle décida d’entrer dans un monastère de cet Ordre, parce que c était la règle qui correspondait le plus parfaitement à ses désirs de mortification et de vie austère. Telle fut la raison de son entrée chez les Trappistines.

Aux côtés de cette supérieure se trouvait une autre femme de grande qualité, à qui il est juste de consacrer ici une mention spéciale : sœur du Saint-Esprit, qui joua un rôle important dans l’organisation du monastère de Vaise, avant le départ pour Maubec. Elle était née à Lyon en 1756 et sa famille portait le nom d’Allard : c’était une femme remarquable par son intelligence et sa sagesse, aussi bien que par les vertus religieuses qu’elle pratiquait à un degré peu commun. Elle était allée en Suisse, pour entrer dans le couvent des Trappistines : après leur établissement à Lyon, elle dirigea comme Supérieure le monastère de Vaise, et sut lui procurer des ressources en utilisant les relations qu’elle avait conservées dans sa ville natale.

La communauté, maintenant pourvue d’un local plus vaste et mieux aménagé, augmentait d’année en année par l’admission de nombreuses novices, si bien qu’en 1834, le nouveau local était déjà devenu trop étroit, et les religieuses, à leur grand regret, s’étaient vues dans la nécessité de refuser plusieurs postulantes. On résolut alors de quitter Vaise dès qu’on aurait trouvé ailleurs un emplacement répondant aux besoins nouveaux de la communauté. Des recherches dans ce but furent tentées dans la Loire et la Haute-Loire, mais sans résultat. D’un autre côté, près de Montélimar, à Maubec, un vaste domaine à flanc de colline et planté en partie d’arbres fruitiers fixa leur choix et le domaine fut acheté. Dès lors, une partie des religieuses de la maison de Lyon alla s’établir dans la nouvelle résidence, les autres devant les y rejoindre à mesure que le local serait prêt à les recevoir.

C’en était donc fait, ce semble, du monastère de Vaise, appelé ainsi à disparaître sous peu ; il n’y resta bientôt plus que deux ou trois religieuses pour surveiller le matériel ; la propriété même était déjà mise en vente. Pourtant les Lyonnais qui, par leurs aumônes, avaient contribué à la fondation de la communauté, s’émurent de ce départ ; un groupe fut député à l’archevêché, pour faire valoir les réclamations. Mgr de Pins reconnut la