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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/160

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histoire des églises et chapelles de lyon

l’empereur Frédéric II. C’est de là qu’il écrivit à tous les prélats, à tous les souverains de la chrétienté pour les inviter au concile qu’il se proposait de tenir à Lyon. Cette assemblée s’ouvrit le 28 juin 1243, dans l’église Saint-Jean, et compte comme le treizième concile général. Outre le pape et les cardinaux, il réunit les patriarches de Constantinople, d’Antioche et d’Aquilée, cent quarante archevêques et évêques, Baudouin empereur de Constantinople, Bérenger comte de Provence, Raymond comte de Toulouse ; d’autres princes et prélats s’y firent représenter par des ambassadeurs. L’empereur Frédéric II y fut excommunié et déposé. Pendant ce concile, disent quelques historiens, les cardinaux parurent pour la première fois avec l’habit de pourpre ; Innocent IV voulant leur rappeler ainsi, qu’ils devaient être toujours prêts à verser leur sang pour l’Église. Le concile s’occupa encore des incursions des Tartares, de la Croisade, de réformes dans l’administration de la justice et, raconte un pieux annaliste, qui a conservé l’anonyme, « l’on y traita de bien des choses de très grande importance, et après plusieurs beaux décrets qu’on y fit, l’on y arrêta, qu’en reconnoissance des faveurs qu’on y avoil reçu par l’entremise de la Très Sainte Vierge, et pour s’attirer toujours davantage sa protection particulière, on ajoûteroit dans toute l’Église, pour une plus grande solemnilé, une Octave à la fête de la Nativité, qui s’y célébroit déjà depuis longtemps. Et comme l’église de La Plattière étoit la seule dans cette ville consacrée à la Sainte Vierge, même dès les premiers siècles, et à la Nativité, elle eut l’honneur d’être choisie pour être la première ou se célèbreroit cette Octave, ce qui se fit pendant huit jours avec toute la piété et la magnificence digne du sujet, et de cette grande assemblée. La tendre dévotion qu’ont toujours eu les Lyonnais envers cette bonne Mère, leur a aussi toujours fait regarder cette première solemnité comme une règle et un décret de ce concile pour les années suivantes ; car, d’année en année, sans avoir jamais discontinué jusqu’à nous, cette Octave s’est célébrée dans cette même église, avec une telle pompe, dévotion et concours de toute la ville, qu’on peut assurer en vérité qu’il n’est pas d’église dans le monde où la Nativité de la très Sainte Vierge soit mieux célébrée. Voilà l’origine de cette dévotion, et comme cette solemnité a commencée. Voici comme elle est devenue Confrérie de Nôtre-Dame de Lorette : Sur la fin de ce même siècle, (?) c’est-à-dire en l’année 1291, la sacrée maison de la Sainte Vierge, où se sont opérez de si grands mystères, et où elle avoit pris naissance, ayant été détachée de ses fondemens, et transportée miraculeusement par les anges, de la ville de Nazareth, sur la petite montagne de Tersacte, en Dalmatie, proche de la mer Adriatique, où elle resta trois ans et trois mois ; et de cet endroit à l’autre côté de la mer en Italie, au milieu d’un bois appartenant à une Dame nommée Lorette, dont cette Sainte maison a retenu le nom ; et puis quelques mois après encore en deux autres lieux fort peu éloignez les uns des autres, au diocèse de Recanaty, et sur les terres du domaine du pape : elle attira d’abord par cet événement et ces changemens si prodigieux, la curiosité, le concours et la dévotion de toutes les provinces voisines ; et les merveilles et les miracles que Dieu y opéroit par l’intercession de la très Sainte Vierge, firent tant de bruit que, les siècles suivans, non seulement le commun des fidèles y accouroit de toutes les parties de la Chrétienté ; mais les empereurs, les rois, les princes et princesses, les personnes les