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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/24

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histoire des églises et chapelles de Lyon

Les chanoines de Saint-Just songèrent à s’y transporter, mais l’endroit leur parut trop éloigné et trop désert ; le maréchal de la Vieuville engagea les Minimes à s’y installer, de préférence à leur monastère inachevé de la Croix de Colle ; ils résistèrent, décidés à rester chez eux. Des capucins, émigrant d’Italie, où leur réforme était née, passèrent un contrat d’acquisition et furent déclarés propriétaires ; cependant la combinaison ne s’exécuta pas, sans que j’aie découvert ce qui l’empêcha. Heureusement des conseils d’énergie finirent par l’emporter sur la pusillanimité, et, au milieu des décombres, le chapitre tenta de nouveau de vivre, de prier et de reconstruire. Nous savons que l’autel de Notre-Dame, à son ancienne place, fut consacré par le suffragant de Lyon, Mgr Jacques Maistret, un des premiers jours de janvier de l’année 1585, un quart de siècle tout de même après les hostilités calvinistes. On entreprit, un peu plus tard, la réfection à neuf du clocher, on retailla les pierres, on consolida la charpente ; on posa une croix et une girouette neuves. En 1622, on décida de placer les stalles du chœur « en bois de noyer, de la même façon que celles de l’église Saint-Paul » ; Un maître menuisier, logé place Confort, Guillaume Guérin, quoique de secte dissidente, obtint l’ouvrage à forfait, et le père d’un chanoine, récemment agrégé, noble J.-B. de Murard, s’offrit à couvrir la dépense.

La statue couronnée de l’ancienne chapelle.

Un des promoteurs de ces travaux et de cet embellissements a droit à nos louanges particulières ; si obscur que soit le nom qu’il a porté, Claude ferrier s’est acquis, dans les annales forvériennes, une place et une réputation dont il ne serait pas dépossédé sans injustice. À défaut d’une biographie détaillée, qui dépasserait le cadre étroit, dont nous disposons, on nous permettra de fixer au moins les dates principales de sa vie et d’en noter les événements les plus mémorables.

Ferrier entra au chapitre, le 26 février 1612. Charles de Busseul, chanoine-comte de Saint-Jean, en remettant sa démission par l’entremise du prévôt, François de Sacconay, avait formulé le désir de l’avoir pour successeur. Il avait à son égard des obligations de plus d’un genre, dont il s’acquittait par cette recommandation ; il lui plaisait surtout de récompenser ainsi le précepteur de son jeune neveu. L’élection, avec ses préliminaires, ne souleva aucune objection. Les capitulants, convoqués pour y procéder, François du Soleil, sacristain, Claude du Soleil, chantre, Guillaume Sarsay, Jean Faure, Claude Pignard, Yves Faure et Claude de Lorivière, tombèrent d’accord, en un instant, et le jour même, qui était un dimanche, la prise de possession et l’installation s’accomplirent avec les cérémonies d’usage. Le nouveau dignitaire déposa 50 livres pour son droit de chappe, offrit sept aunes de toile fine et s’engagea de distribuer sa livraison de pain et de vin, le premier dimanche du carême prochain. Deux de ses collègues, précédés d’acolythes, au bruit d’un joyeux carillon, le conduisirent au grand autel, où il récita l’Oraison, dans le chœur, à la stalle qui lui était réservée ; on le ramena dans la salle des séances, où il prit son rang, et on lui assigna la maison, délaissée par Claude le Riche, et située devant le porche, entre la place et le chemin y aboutissant.