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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/250

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histoire des églises et chapelles de lyon

« Voilà une sainte comme je les avais rêvées ; je veux aller en paradis, si l’on y est avec du bon monde comme cela. » La persécution faillit arrêter la prospérité croissante de la Société, lorsqu’on ferma les maisons de Suisse, de Piémont et de Rome. Mais la bourrasque de 1818 ne fut que momentanée et les fondations reprirent leur cours.

Pour rendre plus facile le gouvernement de l’institut. Mme Barat sollicita de Pie IX des modifications aux Constitutions. Dans ce but, elle convoqua le conseil de l’Ordre qui se réunit à la Ferrandière et promulgua les modifications approuvées par le pape, enfin organisa la répartition des soixante-cinq maisons de la société en dix vicairies dont huit pour l’Europe et deux pour l’Amérique. L’œuvre de Mme Barat était achevée : son corps affaibli par la maladie et la vieillesse, son âme ornée des plus belles vertus religieuses, étaient mûrs pour le ciel. Le jour de l’Ascension, 25 mai 1865, elle s’éleignit à Paris à l’âge de quatre-vingt-cinq ans, dont soixante-deux passés dans la vie religieuse. Par un décret du 5 juillet 1879, le pape Léon XIII l’a déclarée vénérable et la cérémonie de béatification a eu lieu en mai 1908.

D’une notice inédite sur l’institut du Sacré-Cœur, nous extrayons les lignes suivantes qui en retracent le caractère actuel et donnent quelques détails statistiques. « Cette congrégation, approuvée par les souverains pontifes Léon XII et Grégoire XVI, compte 134 maisons, 3.576 religieuses de chœur, 2.606 sœurs coadjutrices. Le but de la société est essentiellement apostolique : donner l’instruction à la jeunesse des classes élevées et moyennes ; la former à la vie chrétienne, et, pour atteindre cette fin, développer l’intelligence par l’étude des lettres, des sciences, des arts d’agrément et des travaux convenables à la position des jeunes filles. L’œuvre des retraites est une de celles qu’embrasse la société ; des écoles sont ouvertes pour les enfants pauvres ; des ouvroirs reçoivent les jeunes filles qui désirent se perfectionner dans la coulure ou la broderie. Différentes congrégations et associations réunissent à jour fixe les personnes désireuses de s’entretenir ou de se perfectionner dans la pratique de la vertu : 1° celle des enfants de Marie pour les jeunes filles et les dames de la société ; 2° les consolatrices de Marie, congrégation destinée aux jeunes ouvrières ; 3° les congréganistes de Sainte-Anne pour les femmes du peuple ; 4° quelques autres associations propres à différentes maisons : œuvre des petits ramoneurs, petits amis du Cœur de Jésus, catéchisme de persévérance, etc. ; des classes de normalistes et des écoles de paroisse, surtout en Angleterre et en Amérique. La société du Sacré-Cœur est gouvernée par une supérieure générale résidant à Paris, siège du conseil administratif. »

La principale maison du Sacré-Cœur dans notre région fut la Ferrandière. Placée sur la commune de Villeurbanne, aux portes de Lyon, ce couvent était installé dans une immense propriété autrefois en pleine campagne, aujourd’hui en pleine ville, car on sait qu’il n’y a aucune solution de continuité entre les maisons des villes de Lyon et celles de Villeurbanne, si bien que celle dernière cité sera sans doute avant peu annexée à la première. On comprend dès lors l’importance qui s’attachait à cet établissement. On a vu que Mme Baral avait songé un moment à transporter à la Ferrandière le gouvernement général de l’institut ; le projet n’aboutit pas, mais la maison fut depuis lors considérée comme une des plus importantes de la congrégation.