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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/335

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pénitents de la miséricorde

le 20 avril 1716 et le 23 avril 1723, confirma ce droit et ajouta de nouvelles indulgences. D’autre part, la chapelle fut réparée et même augmentée d’une aile dont malheureusement nulle description n’accompagne la mention sur le registre.

On reprocha aux pénitents d’être intolérants, parce qu’ils avaient remis en vigueur une délibération prise en conseil le 28 mars 1688, dont l’extrait suivant fut affiché le même jour dans les prisons :

« La compagnie de la Miséricorde ayant été informée par MM. les custodes de la paroisse de Sainte-Croix qu’il y a très souvent dans les prisons de cette ville des prisonniers qui passent des années entières sans s’approcher des sacrements, et voulant remédier à cet abus en ce qui dépend d’elle, a résolu d’arrêter qu’à l’avenir l’aumône de pain et de vin qu’elle a coutume de distribuer trois fois la semaine, ne sera donnée qu’à ceux qui auront satisfait au commandement de l’Église qui enjoint à tous les fidèles de se confesser au moins une fois l’an, ce qu’ils seront tenus de faire dans la quinzaine de Pâques, et d’en rapporter une attestation ou certificat à la première distribution après le dimanche de Quasimodo. »

Notons que les administrateurs des prisons ne se prétendirent pas scandalisés de cet acte ; ils préféraient veiller à ce que les guichetiers et geôliers ne rançonnent pas les prisonniers par force, ainsi que le prouve le règlement de 1751, réédité trois fois jusqu’en 1780, et qui n’est que la répétition de ceux du 12 janvier 1667 et du 30 mars 1680, conforme également aux règles royales promulguées quelques années auparavant par le parlement et dont le second fut publié par M. de Sève, lieutenant en la sénéchaussée de Lyon et juge de police des prisons. Il y aurait profit, même de nos jours, à citer des articles comme ceux-ci : « Il est fait défense aux geôliers et guichetiers du ressort de la sénéchaussée de Lyon, de rien recevoir des prisonniers pour leur entrée et sortie ; ils ne pourront recevoir non plus aucune avance de deniers pour les gîtes et geôlages, même des prisonniers qui coucheront au lit dans la grande salle. Ceux qui seront au petit Dambe, aux chambres noires des Anges et du cachot, coucheront sur des paillasses et payeront un sol par jour. Le geôlier ne pourra rien retenir des prisonniers qui sont à sa table ; il sera tenu de donner quittance de ce qu’il recevra en argent.

Les confrères de la Miséricorde étaient les auteurs de plusieurs de ces adoucissements ; ils les obtinrent dès le début, y ajoutèrent beaucoup durant un siècle et demi ; ils s’appliquèrent principalement à tempérer, selon la justice, la condition des prisonniers les plus pauvres, ceux pour qui, d’après une requête du xviie siècle au contrôleur des finances, il n’y avait pas même, comme en d’autres villes, des ressources pour leur procurer du pain. Les pénitents renchérirent même sur ce programme : ils ne se contentèrent pas de visiter les condamnés, de les préparer aux sacrements de pénitence et de communion, de les assister dans les châtiments, d’ensevelir chrétiennement leurs corps ; une délibération de 1730 montre qu’ils avaient institué aux prisons des conférences pieuses, des catéchismes et des exhortations que présidaient tour à tour le recteur et les officiers ; ce pieux usage se maintint jusqu’aux extrêmes limites de la confrérie en 1789 et ne périt qu’avec elle. Il n’y a que peu à dire de la fin de la compagnie de la Miséricorde qui ne cessa