Aller au contenu

Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
333
annonciades

corps de saint Anastase, pape et martyr, que possédait le trésor de l’église primatiale. Pour recevoir ces reliques, la comtesse fit travailler un beau reliquaire d’argent. « Il était, dit l’annaliste, en forme d’église : quinze piliers d’argent en soutenaient la voûte sur laquelle se voyait un crucifix de même métal et l’entre-deux des piliers était fermé avec des cristaux de Venise. » Le 17 août 1628, MM. de Chalmazel et de Meschatin La Faye, chanoines de Lyon, se présentèrent à la porte du monastère où ce précieux dépôt fut reçu par la prieure et la sous-prieure qui offrirent à ces messieurs leurs actions de grâces pour cette insigne faveur. La communauté vint ensuite processionnellement avec des flambeaux à la rencontre des reliques. Les Annonciades célébraient la fête de ce saint le 27 avril ; elles l’avaient en singulière vénération et recouraient à son intercession dans leurs besoins ; elles éprouvèrent souvent les heureux effets de sa protection, surtout dans les nécessités publiques.

Vers 1628, lorsque la peste faisait de terribles ravages à Lyon, une Annonciade, sœur Marie-Agnès, en fut atteinte avec une telle violence que sa mort paraissait imminente. Le prieure eut alors l’inspiration de vouer sa malade à leur fondatrice, la bienheureuse Marie-Victoire Fornari, et d’étendre ce vœu non seulement à la sœur infirme et au monastère, mais encore à toute la ville ; avec le consentement de sa communauté, elle s’engagea, si la religieuse guérissait et si la ville était délivrée, à solenniser chaque année à perpétuité l’anniversaire de la mort de cette sainte mère. Peu de jours après cette promesse, la malade était hors de danger et le fléau diminuait visiblement dans la ville.

Cependant la chapelle du monastère s’élevait lentement. « On ne saurait croire, rapportent les annales, la quantité d’argent qui fut employée pour la construction de l’église, les seuls fondements coûtèrent des sommes immenses, à cause qu’il fallait élever l’église à la hauteur du chœur avec des terres transportées. » Faute de ressources on dut cesser les travaux à diverses reprises ; les dons mêmes de la généreuse comtesse ne suffisaient pas à l’achèvement de l’édifice ; les secours manquèrent même tout à fait lorsque mourut la fondatrice le 7 novembre 1635. Les religieuses ressentirent vivement sa perte et la pleurèrent comme leur mère, car non seulement elle leur fut d’un grand secours pour le temporel, mais, outre l’assistance spirituelle qu’elle leur procurait, l’exemple de ses vertus était pour la communauté un sujet d’édification. Les religieuses, et surtout les deux nièces de la fondatrice, eussent bien désiré posséder sa dépouille mortelle, mais les héritiers de la défunte en ordonnèrent autrement.

En 1637 seulement, la construction de l’église fut enfin achevée, à la grande satisfaction des religieuses qui, par leurs travaux intelligents, pourvurent bientôt à tous les ornements nécessaires au culte. Elles furent aidées en cela par bon nombre de personnes pieuses, surtout des parents des religieuses, qui contribuèrent à orner la maison du Seigneur.

À l’exemple de Mgr de Marquemont, son digne successeur le cardinal Alphonse de Richelieu, archevêque de Lyon, visita plusieurs fois en personne le monastère qu’il daignait honorer d’une particulière affection. Au nombre des bienfaits dont il gratifia la communauté des Annonciades, on doit mettre en premier lieu la bulle qu’il obtint