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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/448

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histoire des églises et chapelles de lyon

Michel Perrache, inhumé dans la chapelle de l’Annonciade, le 21 décembre 1750, demandèrent aux Pères, leurs amis, une tombe et des prières.

Dans le cours du xviiie siècle, les événements particuliers du couvent ne dénoncent pas trop un refroidissement de zèle et de foi, que les historiens rencontrent, un peu partout, à cette époque, même dans les maisons les mieux réglées. Notre communauté lyonnaise, vingt à trente ans avant la Révolution, qui amena sa dispersion, grâce à des hommes de valeur et d’énergie, les Pères Michel, Jean Morand. Escalle, Dumas, recommandables par leur austérité et leur amour de la discipline, se maintenait contre les tentations de relâchement et d’une vie plus commode et plus indépendante. Le nombre de ses profès n’était pas descendu au-dessous de vingt-cinq ; l’école de théologie et le noviciat se recrutaient moins : si le lecteur avait un petit cercle d’étudiants, le maître des novices se contentait de deux ou trois postulants. Cependant les archevêques n’épargnaient point les marques ; de leur faveur ; Mgr François-Paul de Villeroy se rendit plusieurs fois au couvent, pour des solennités religieuses ; le 4 octobre 1727, par exemple, il assista à une messe, chantée en l’honneur de son patron et au sien, par les membres du Concert, et il reçut du supérieur, avec les compliments les plus respectueux, un bouquet dont les fleurs artificielles étaient composées par des coquillages marins ; le cardinal de Tencin, en 1747, ouvrit l’octave de saint Bonaventure et Mgr de Montazet, qui lui succéda, présida les processions de 1759 et de 1761. Aux cérémonies traditionnelles, l’occasion en ajouta d’autres, non moins agréées et tout autant fréquentées par la multitude. La plus curieuse, sans contredit, fut la célébration, des noces d’or sacerdotales du Révérend Père Jean Morand, le 19 juillet 1721 ; ce vénérable religieux jouissait du plus grand crédit, près des siens et au-dehors ; jamais personne, selon le mot de l’annaliste conventuel, n’a eu et peut-être n’aura la confiance du public, au même degré que ce directeur renommé, auquel s’adressaient gens de tout état. Il avait, dit un second, un pathétique si insinuant qu’il était impossible de lui refuser ce qu’il souhaitait. Il exerça, pendant deux triennats, la charge de gardien et conserva la surveillance de la sacristie à peu près jusqu’à sa mort. Sa cinquantaine réunit, pour le combler de félicitations et d’honneurs, les dignitaires du diocèse et les magistrats de la cité, les riches et les pauvres ; l’archevêque accepta de lui servir de parrain ; Mme Poulletier, femme de l’intendant, revendiqua le titre de marraine ; deux évêques, dont Mgr de Rochebonne de Noyon, furent présents, et les musiciens qui chantèrent la messe à grand orchestre se surpassèrent. À l’issue de l’office et du Te Deum, le monastère fut envahi par la foule, qui suivit l’archevêque et le jubilaire ; les religieux ne furent plus maîtres chez eux qu’après cinq heures du soir, avec des estomacs, paraît-il, qui criaient famine. Notons rapidement, en 1727, la fondation des Quarante-heures, qui attirèrent beaucoup de pieux adorateurs, les trois derniers jours du carnaval ; en 1729, la canonisation de saint François Solano et de saint Jacques de La Marche, pour laquelle on renouvela les magnificences et les décorations, consacrées, trente ans auparavant, à deux autres franciscains, inscrits au Martyrologe, Jean Capistran et Pascal Baylon ; en 1748, la bénédiction de la croix de la place, menaçant ruine et restaurée parle Consulat, mais abattue, vingt et un ans plus tard, remplacée par la colonne du Méridien et la statue d’Uranie de Clé-