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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/78

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histoire des églises et chapelles de Lyon

ici de la maison Saint-Jean est emprunté, sauf indication contraire, à cette notice et aux archives de l’œuvre Sainte-Françoise.

Les statuts de la société furent approuvés, le 2 mars 1656, par Antoine de Neuville, abbé de Saint-Just et vicaire général de Camille de Neuville, son frère, archevêque de Lyon. D’après une tradition conservée dans la société Sainte-Françoise, saint Vincent de Paul serait venu à Lyon inaugurer l’œuvre. Rien ne le prouve : il est même vraisemblable que si saint Vincent en eût été le fondateur, il lui aurait donné les mêmes forme et règlement qu’il donnait à toutes les Charités qu’il établissait. Cependant l’analogie qu’on remarque entre le règlement de Sainte-Françoise et celui des Dames de Charité de Châtillon-en-Dombes, alors du diocèse de Lyon, montre l’influence exercée par l’œuvre établie par saint Vincent à Châtillon, en 1617, et à Mâcon en 1623. Les dames de Lyon étaient d’ailleurs bien préparées aux œuvres de la charité chrétienne, car, dès l’an 1579, elles avaient offert à l’administration de l’Hôtel-Dieu d’aller chaque jour, à tour de rôle, visiter les malades et assister à leur repas. L’offre fut acceptée, et une liste des Dames fut dressée. (Dagier, Histoire de l’hôpital général, tome I, p. 118.)

La société Sainte-Françoise fut encouragée et récompensée de son zèle par les éloges et faveurs spirituelles qui lui furent accordés par les papes Alexandre VII en 1661 et Clément X en 1706. Cependant les Dames de Sainte-Françoise expérimentèrent bientôt, comme l’avaient fait celles de Paris, qu’elles ne pouvaient pas toujours rendre aux pauvres les services réclamés par leur état ; aussi voulurent-elles se donner des aides en appelant à leur secours les Filles de la Charité. La venue à Lyon des religieuses fut procurée par un prêtre de grand mérite, M. Démia, fondateur des sœurs Saint-Charles ; on lit, en effet, dans sa vie : « Informé qu’un grand nombre de pauvres honteux, par l’extrême répugnance qu’ils avaient à se retirer à l’hôpital, étaient réduits dans leur maladie à une extrême misère, M. Démia conçut le dessein de faire venir à Lyon les Filles de la Charité. Il pria une dame d’une grande piété, Mme Pichon, d’entreprendre cette œuvre. En conséquence, M. Démia demanda à messieurs de Saint-Lazare deux sœurs pour les établira Lyon. Elles arrivèrent dans cette ville le 14 août 1671, et comme la maison qu’elles devaient occuper n’était pas encore meublée, M. Démia les logea pour quelques jours dans la sienne. » C’est de ce moment que date cette organisation si ingénieuse et qui portera désormais tant de fruits : l’œuvre dirigée et soutenue par les Dames de Charité, c’est-à-dire des personnes du monde, et le travail confié par elles à des Filles de la Charité ou sœurs Saint-Vincent de Paul.

Par acte du 6 février 1679, Mme Pichon, née Louise Pérachon, constitua, au capital de 6.000 livres, une rente perpétuelle de 300 livres, dont 200 devaient être « payées aux deux filles de la Charité qui servent présentement les pauvres malades des susdites paroisses, sans être tenues d’en rendre autre compte que celuy auquel elles sont obligées par leur institution » ; 45 livres de cette rente annuelle étaient le prix de la maison qui était achetée pour l’œuvre, et dans laquelle « outre le logement des dites sœurs de Saint-Lazare, il y aura un lieu pour tenir les écoles des petites filles pauvres et pour la demeure de deux filles qui auront la direction des dites écoles ». Les 55 livres restantes devaient être le gage de ces deux filles chargées des classes.