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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/100

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— « Mais t’engagerais-tu à me laisser organiser ta vie, tes études, et te surveiller en tout, comme si tu étais mon fils ? »

— « Oui. »

— « Bon », fit Antoine, et il se tut. Il réfléchissait. Ses désirs étaient toujours si impérieux qu’il ne doutait jamais de leur exécution ; et, en fait, il avait jusqu’à présent mené à bout tout ce qu’il avait ainsi voulu avec opiniâtreté. Il se tourna vers son cadet, et sourit :

— « Je ne rêve pas », reprit-il, sans cesser de sourire, mais d’une voix résolue. « Je sais à quoi je m’engage. Avant quinze jours, tu m’entends, avant quinze jours… Aie confiance ! Tu vas rentrer dans ta boîte, courageusement, sans avoir l’air de rien. Et avant quinze jours, je te le jure, tu seras libre ! »

Jacques, sans bien entendre, se serrait contre Antoine, avec un appétit soudain de tendresse ; il eut voulu prendre son aîné dans ses bras, l’enlacer, se blottir près de lui, et rester là, longtemps, sans bouger, dans la tiédeur de son corps.

— « Confiance ! » répéta Antoine.

Il se sentait lui-même réconforté, et comme