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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/119

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V


Le lendemain, de bonne heure, Antoine, qui n’avait pu fermer l’œil, attendait, dans une sacristie de l’archevêché, que l’abbé Vécard eut terminé sa messe. Il fallait que le prêtre fût mis au courant de tout et pût intervenir. Jacques n’avait plus d’autre chance.

L’entretien fut long. L’abbé avait fait asseoir le jeune homme près de lui, comme pour une confession ; et il l’écoutait avec recueillement, le buste en arrière, la tête inclinée sur l’épaule gauche, à son habitude. Pas une fois il ne l’interrompit. Son visage incolore, au nez long, n’était guère expressif ; mais, par instants, il posait sur Antoine un regard doux et insistant qui cherchait à comprendre au-delà des paroles. Bien qu’il eût moins fréquenté Antoine que les autres membres de la famille, il lui manifestait toujours une estime particulière ; le piquant