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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/125

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mander conseil sur la conduite à tenir vis-à-vis de son fils aîné, qui avait beaucoup changé ces derniers temps, et que l’on sentait travaillé par un esprit de doute et de révolte. Continuait-il seulement à accomplir ses pratiques religieuses ? Assistait-il même à la messe dominicale ? Il se montrait de moins en moins assidu à la table de famille, sous le prétexte de ses malades ; et lorsqu’il y paraissait, son attitude y était tout autre que jadis : il y tenait tête à son père ; il se permettait d’inconcevables libertés d’opinion : lors des récentes élections municipales, la discussion avait pris plusieurs fois si âpre tournure, qu’il avait fallu lui imposer silence, comme à un gamin. Bref, si l’on voulait maintenant Antoine dans la bonne voie, il était urgent d’adopter à son égard des dispositions nouvelles, pour lesquelles l’appui et peut-être l’intervention de l’abbé Vécard semblaient indispensables. Puis, à titre d’exemple, M. Thibault relata l’acte d’indiscipline dont Antoine s’était rendu coupable en allant à Crouy, les stupides conjectures qu’il en avait rapportées, et la scène inqualifiable qui s’en était suivie. Toutefois, la considération qu’il portait à