Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/156

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— « Là. »

— « Chez ce monsieur ? »

— « Oui. »

— « Et… ton oncle y venait ? »

— « Bien sûr. »

— « Mais comment te trouvais-tu seule ? » continua Mme de Fontanin sans se départir de sa douceur.

— « Parce que M. Raoul fait une tournée en ce moment, à Lucerne, à Genève. »

— « Qui ça, Raoul ? »

— « M. Arvelde. »

— « Et ta maman t’avait laissée seule à Bruxelles, pour aller avec lui en Suisse ? » L’enfant eut un geste si désespéré que Mme de Fontanin rougit. « Chérie, je te demande pardon », balbutia-t-elle. « Ne parle plus de tout ça. Tu es venue, c’est bien. Reste auprès de nous. »

Mais Nicole secoua violemment la tête :

— « Non, non, c’est presque fini. » Elle fit une forte aspiration, et tout d’un trait : « Écoutez, tante : M. Arvelde, lui, il est en Suisse. Mais sans maman. Parce qu’il avait obtenu pour maman un engagement dans un théâtre de Bruxelles, pour chanter un rôle d’opérette, à cause de sa voix ; qu’il lui