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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/160

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« je t’ai compris, je respecte ta décision, je te promets de t’aider. Mais pour l’instant tu vas t’installer ici, près de nous : c’est de repos que tu as besoin. » Elle disait « repos », et son regard disait « affection ». Nicole ne s’y méprit pas ; mais elle refusait encore de s’attendrir :

— « Je veux travailler, je ne veux plus être à charge. »

— « Et si ta maman revient te chercher ? »

Le regard transparent se troubla et prit soudain une incroyable dureté.

— « Ça, jamais plus ! » fit-elle, d’une voix rauque.

Mme de Fontanin n’eut pas l’air d’avoir entendu. Elle dit seulement :

— « Moi, je te garderais volontiers avec nous… toujours. »

La jeune fille se leva, parut chanceler, et, tout à coup, se laissant glisser, vint poser sa tête sur les genoux de sa tante. Mme de Fontanin caressait la joue de l’enfant, et songeait à certaines questions qu’il fallait bien qu’elle abordât encore :

— « Tu as vu bien des choses, mon enfant, que tu n’aurais pas dû voir à ton âge… », hasarda-t-elle.