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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/168

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qui les faisaient gronder l’un et l’autre par Mademoiselle. Mais là, ils étaient seuls, et ils en profitèrent :

— « Pourquoi ris-tu ? » fit-il enfin en lui saisissant les poignets. Elle se débattait et continuait de plus belle. Puis elle s’arrêta tout à coup.

— « Il faut que je me corrige de rire comme ça, tu comprends, sans quoi je ne pourrai jamais me marier. »

— « Tu veux donc te marier ? »

— « Oui », dit-elle, en levant vers lui ses bons yeux de chien. Il regardait son petit corps potelé de sauvageonne, et songeait pour la première fois que cette gamine de onze ans deviendrait femme, se marierait. Il lâcha ses poignets.

— « Où courais-tu, seule, nu-tête, sans même un châle ? On va déjeuner. »

— « Je cherche tante. J’ai un problème que je ne comprends pas… » fit-elle, en minaudant un peu. Elle avait rougi et montrait du doigt, dans l’ombre de l’escalier, la porte mystérieuse de la garçonnière, par où filtrait un rayon de lumière. Ses yeux brillaient.

— « Tu as envie d’entrer là ? »