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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/172

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venu que M. Faîsme se chargerait de le ramener à Paris le dimanche suivant.

La veille, le samedi soir, Antoine quitta l’hôpital à sept heures, se fit servir à dîner dans un restaurant voisin pour n’avoir pas à prendre son repas en famille, et, dès huit heures, il pénétrait, seul et joyeux, dans son nouveau chez lui. Il devait y coucher, ce soir-là, pour la première fois. Il eut plaisir à faire jouer sa clef dans sa serrure, à claquer sa porte derrière lui ; il alluma l’électricité partout et commença, à petits pas, une promenade à travers son royaume. Il s’était réservé le côté donnant sur la rue : deux grandes pièces et un cabinet. La première était peu meublée : quelques fauteuils disparates autour d’un guéridon ; ce devait être un salon d’attente, lorsqu’il aurait à recevoir quelque client. Dans la seconde, la plus grande, il avait fait descendre les meubles qu’il possédait dans l’appartement de son père, sa large table de travail, sa bibliothèque, ses deux fauteuils de cuir, et tous les objets témoins de sa vie laborieuse. Dans le cabinet, qui contenait une toilette et une penderie, il avait fait mettre son lit.

Ses livres étaient empilés par terre, dans