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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/233

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je voulais attendre que tu aies bien repris ton assiette : je comptais patienter jusqu’à la rentrée. Ta lettre à Daniel précipite les choses. Soit. Je prends tout sur moi. Père n’en saura rien, ni l’abbé. Nous irons dimanche, si tu veux.

« Remarque », ajouta-t-il après une pause et sur un ton d’affectueux reproche, « combien tu t’es mépris, combien tu as eu tort de ne pas me faire meilleur crédit. Je te l’ai vingt fois répété, mon petit : franchise complète entre nous, confiance réciproque, ou bien c’est la faillite de tout ce que nous avons espéré. »

— « Dimanche ? » balbutia Jacques. Il était tout désorienté d’avoir gain de cause sans lutte. Il eut l’impression qu’il était dupe de quelque machination qu’il n’apercevait pas. Puis il eut honte de ce soupçon. Antoine était vraiment son meilleur ami. Quel dommage qu’il fût si vieux ! Mais quoi, dimanche prochain ? Pourquoi si tôt ? Il se demandait maintenant s’il était vrai qu’il désirât tant revoir son ami.