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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/239

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vraiment changé entièrement. Il dit qu’il n’est pas ce qu’il paraît, et meilleur que nous croyons. Je pense cela aussi. Il désire maintenant travailler, s’il trouve travail. Et, si vous voulez, il vivra ici avec vous, dans un chemin renouvelé et réparateur. »

Il vit la bouche se crisper et un tremblement agiter le bas du visage. Elle secoua les épaules, tout à coup, et dit :

— « Non. »

Le ton était tranchant, le coup d’œil douloureux et hautain. Sa décision semblait irréductible. Gregory renversa la tête, ferma les yeux et resta un long moment silencieux.

— « Look here », dit-il enfin, d’une voix très différente, lointaine et sans chaleur. « Je vais vous dire une histoire, voulez-vous, que vous ne connaissez pas. C’est l’histoire d’un homme qui aimait un être. Je dis ; écoutez. Il était fiancé, encore très jeune homme, à une pauvre fille, si bonne et belle, si vraiment aimée de Dieu, que lui aussi l’aimait… » Son regard devint pesant. « … avec toute son âme », accentua-t-il. Puis il sembla faire un effort, chercher où il en était, et reprit, assez vite : « Alors,