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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/250

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Lorsqu’elle revint dans le salon où Antoine, regardant autour de lui, songeait à sa première visite, Mme de Fontanin dut faire effort pour refouler son agitation.

— « Comme c’est gentil d’avoir accompagné votre frère », s’écria-t-elle, forçant un peu sa bienvenue. « Asseyez-vous là ». Elle désignait à Antoine un siège auprès d’elle. « Nous ferons bien aujourd’hui de ne pas compter sur les jeunes pour nous tenir compagnie… »


Daniel avait en effet passé son bras sous celui de Jacques et l’entraînait vers sa chambre. Ils étaient de même taille maintenant. Daniel ne s’attendait pas à trouver son ami si transformé : son amitié en était affermie, et plus pressant son désir de confidence. Dès qu’ils furent seuls, sa figure s’anima, prit une expression mystérieuse :

— « D’abord que je te préviennes : tu vas la voir : c’est une cousine qui habite avec nous. Elle est… divine ! » Surprit-il un léger embarras dans l’attitude de Jacques ? Fut-il troublé par un scrupule tardif ? « Mais parlons de toi », fit-il avec un sourire aimable ; il gardait jusque dans la camaraderie une