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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/263

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foi ? Je n’en sais plus rien. Lorsque je m’en suis avisé, — il n’y a pas plus de quatre ou cinq ans — j’avais déjà par ailleurs atteint un degré de culture scientifique qui laissait peu de place à des croyances religieuses. Je suis un positif », fit-il, avec un sentiment de fierté ; à vrai dire, il exprimait là des idées qu’il improvisait, n’ayant guère eu occasion ni loisir de s’analyser si complaisamment. « Je ne dis pas que la science explique tout, mais elle constate ; et, moi, ça me suffit. Les comment m’intéressent assez pour que je renonce sans regret à la vaine recherche des pourquoi. D’ailleurs », ajouta-t-il rapidement et en baissant la voix, « entre ces deux ordres d’explications, il n’y a peut-être qu’une différence de degré ? » Il sourit comme pour s’excuser : « Quant à la morale », reprit-il, « eh bien, elle ne me préoccupe guère. Je vous scandalise ? Voyez-vous, j’aime mon travail, j’aime la vie, je suis énergique, actif, et je crois avoir éprouvé que cette activité est par elle-même une règle de conduite. En tous cas, jusqu’à présent, je ne me suis jamais trouvé hésitant sur ce que j’avais à accomplir. »

Mme de Fontanin ne répondit rien. Elle