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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/285

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à coup, sans raison précise, elle sentit monter une telle allégresse, qu’elle posa l’assiette qu’elle tenait pour passer les doigts sur son visage, pour palper, lui semblait-il, cette joie sur ses traits. Elle vint à son fils, surpris, mit gaîment les mains sur ses épaules, le regarda jusqu’au fond des yeux, l’embrassa sans rien dire, et brusquement quitta la pièce.

Elle alla droit à son bureau, et, de sa grosse écriture d’enfant, un peu tremblée, elle écrivit :


« Mon cher James,

« J’ai été bien orgueilleuse devant vous. Qui de nous a le droit de juger ? Je remercie Dieu de m’avoir éclairée encore une fois. Dites à Jérôme que je renonce à demander le divorce. Dites-lui… »


Les mots dansaient à travers ses larmes.