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Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/288

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Il ne pensait plus à Lisbeth, il cherchait l’occasion de fuir. Une religieuse se leva pour moucher la mèche d’un cierge ; il en profita pour s’esquiver.

Lisbeth avait-elle deviné sa présence, reconnu son pas ? Elle le rejoignit avant même qu’il eût atteint la porte de l’appartement. Jacques s’était retourné, l’entendant venir. Ils restèrent quelques secondes l’un devant l’autre, dans le coin sombre de l’escalier. Elle pleurait sous ses voiles baissés, sans voir la main que Jacques lui tendait. Il aurait voulu pleurer aussi, par contenance ; mais il n’éprouvait rien, qu’un peu d’ennui et de timidité.

Une porte, en haut, claqua. Jacques craignit qu’on ne les surprît là, et tira ses clefs. Mais le trouble, l’obscurité, l’empêchaient de trouver la serrure.

— « Ce n’est peut-être pas la bonne clé ? » suggéra-t-elle. Il fut tout ébranlé par le son traînant de cette voix. Enfin le battant s’ouvrit ; elle hésitait ; le pas du locataire descendait les étages.

— « Antoine est de garde », souffla Jacques pour la décider. Il se sentit rougir. Elle franchit le seuil, sans paraître gênée.