Aller au contenu

Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/292

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait retiré son voile, et dans un demi-sommeil, il retrouvait enfin, malgré les yeux battus et la bouche défaite, le vrai visage de sa Lisbeth. Elle eut un geste las des épaules.

— « Maintenant », dit-elle, « oncle m’épousera. »

Elle courba la tête. Pleurait-elle ? Son accent avait été plaintif, mais résigné ; qui sait même si elle n’éprouvait pas un peu de curiosité envers ce nouvel avenir ?

Jacques ne poussait pas l’analyse si loin. Il voulait qu’elle fût malheureuse, tant il goûtait en ce moment de volupté à la plaindre. Il l’entoura de ses bras, il la serra de plus en plus fort, il semblait vouloir la fondre en lui. Elle chercha sa bouche, qu’il lui abandonna avec avidité. Jamais il n’avait connu pareil soulèvement de tout son être. Sans doute elle avait d’avance dégrafé son corsage, car tout de suite, presque sans l’avoir cherché, il eut dans le creux de sa main la chaude pesanteur du sein nu.

Alors elle se tourna, pour que la main de Jacques put aller et venir plus aisément sur son corps, qu’il sentait libre sous la robe.