Aller au contenu

Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le petit homme ne répondit pas ; mais il roulait doucement l’une dans l’autre ses mains grassouillettes, comme s’il les eût savonnées, et, derrière ses lunettes, ses yeux, brillant d’orgueil, disaient merci.


Alors seulement, la cour étant déserte, sur les marches ensoleillées de la chapelle, Jacques parut.

Était-ce lui ? Il avait tellement changé, tellement grandi, qu’Antoine le regardait, presque sans le reconnaître. Il ne portait pas l’uniforme, mais un complet de drap, un chapeau de feutre, un manteau jeté sur les épaules ; et il était suivi par un garçon d’une vingtaine d’années, trapu, blond, qui n’avait pas la livrée des surveillants. Ils descendirent le perron. Ni l’un ni l’autre ne paraissait avoir aperçu le groupe formé par Antoine et le directeur. Jacques marchait tranquillement, les yeux à terre, et ce fut seulement à quelques mètres de M. Faîsme, que, levant la tête, il s’arrêta, prit un air étonné, et se découvrit aussitôt. Son geste était parfaitement naturel ; cependant Antoine eut le soupçon que cet étonnement était joué. D’ailleurs le visage de Jacques