Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manœuvres comme une résurrection à peine déguisée de la Compagnie d’Ostende et s’emploieraient à les faire échouer. Ils obtinrent, en effet, sans aucune peine du roi de Danemark qu’il renonçât à la maison de l’Inde à Altona ; ils se soucièrent moins de la Suède, qui faisait surtout du commerce avec la Chine et le Japon ; quant aux Polonais, dès le premier jour ils s’arrangèrent pour les décourager de recommencer les moindres opérations dans l’Inde. Moyennant un présent de 130.000 roupies, ils persuadèrent au nouveau nabab Sujah Khan qu’il fallait les chasser du Gange et avec son assentiment, ils s’emparèrent du plus petit des deux navires.

Sans être favorable aux Ostendais, la compagnie de France était loin d’avoir pour eux la même haine que les Anglais ou les Hollandais ; dans toutes les mesures prises pour les faire disparaître, elle avait suivi plutôt que précédé le mouvement. Dans l’affaire des Polonais, le Conseil de Chandernagor observa la même réserve et loin de s’associer à la capture de leurs vaisseaux, il offrit au contraire la protection de notre pavillon à celui qui restait libre. La compagnie approuva cette conduite (26 septembre 1730), mais alors l’animosité des Anglais se retourna contre nous et ils crurent pouvoir s’arroger le droit de contrôler notre navigation dans le Gange, comme favorisant le commerce inavoué des Ostendais. On verra au chapitre des relations de Dupleix avec les Maures et avec les Européens les divers procédés qui furent mis en usage et les incidents qu’ils provoquèrent.


C’est dans ces conditions générales que Dupleix prit la direction de nos comptoirs du Bengale. Malgré certains heurts, la situation était au fond satisfaisante ; le commerce se développait normalement, les rapports avec le