Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/164

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leur choix, d’autant qu’ayant des qualités bien au-dessus des miennes, il a encore par devers lui l’ancienneté de service, de façon que je n’ai point été surpris de sa nomination et je vous dis vrai[1]. »

On voudrait pouvoir ajouter que rien ne vint jamais troubler cette harmonie et que des rapports si heureusement commencés se continuèrent jusqu’au départ de Dumas. Mais une année à peine s’était écoulée que, pour des motifs qui viendront à leur place, Dupleix était entré en lutte avec Dumas et formulait contre lui des appréciations au moins exemptes de bienveillance. Dès le 10 décembre 1735, il écrivait en France à M. de la Farelle : « Dumas ne vous disait pas ce qu’il pensait lorsqu’il vous assurait que ses vues étaient du côté de la France. Il est vrai qu’elles y étaient ; mais c’était pour obtenir le gouvernement de Pondichéry en répandant de tous côtés bien de l’argent. Grignon pourrait vous en dire des nouvelles[2]. »

Dupleix toutefois était trop heureux d’être débarrassé de Lenoir pour accentuer ses critiques ; par contre il ne pardonnait pas à La Bourdonnais d’avoir remplacé Dumas aux îles. Il n’avait pas envisagé qu’il pût avoir lui-même cette succession moins considérée que celle de l’Inde ; mais il lui fut très pénible et il lui parut même odieux qu’elle fut attribuée à La Bourdonnais, plus jeune que lui d’un an et pour lequel il ne professait aucune estime. L’antagonisme violent qui se produisit dix ans plus tard entre ces deux hommes étant un de ces drames desquels l’historien aime à faire dépendre les destinées de l’Inde, comme s’il avait éclaté dans une

  1. Ars. 4743, p. 36, 40, 59.
  2. Ars. 4743, p. 53.