Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/200

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retint pas, mais pour témoigner qu’on nous tenait responsables du prétendu meurtre on laissa trois cents hommes pour garder notre loge. Ils y restèrent pendant trois mois malgré les assurances et les certificats de notre innocence qui purent être fournis et ne se retirèrent que le jour où, suivant le règlement habituel des affaires du pays, nous nous décidâmes à verser une somme de 10.000 roupies dont 5.000 durent être remises à Agy Hamet, 3.000 au faussedar d’Hougly et 2.000 autres à divers officiers, mais peut-être Agy Hamet garda-t-il tout l’argent, du moins Dupleix l’insinua.

On croyait l’affaire terminée, elle rebondit soudain d’une façon tout à fait inattendue. Au mois d’octobre suivant Indinaram fut arrêté à Hougly et conduit en prison à Mourchidabad, sous prétexte qu’il était l’assassin des deux personnes de Chandernagor. En réalité, c’était Dupleix lui-même qu’Agy Hamet accusait de cet assassinat, il aurait tué la femme pour lui voler ses richesses, mais n’osant l’inculper lui-même Agy Hamet s’en prenait à son courtier. Dupleix ressentit profondément l’injure faite à la Compagnie autant qu’il regretta que le poids en retombât sur Indinaram, et donna aussitôt des instructions à Burat pour obtenir coûte que coûte sa mise en liberté. Burat devait toutefois s’abstenir de paraître directement dans l’affaire. Celle-ci fort heureusement n’était dans la pensée d’Agy Hamet qu’une opération comme beaucoup d’autres qui devait se terminer par une somme d’argent. Après quelques démarches, Burat finit par obtenir d’un nommé Coja Kamel qu’il voulut bien se porter caution d’Indinaram moyennant 35.000 roupies dont il affecta d’être le bailleur direct mais qui furent en réalité versées par la Compagnie. 15.000 furent portées directement au compte de celle-ci