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du centre de Chandernagor ; il n’y avait qu’à la franchir. Les religieux portugais de Bandel s’étaient fait une spécialité de bénir ou régulariser toutes les unions conclues dans ces conditions.

La désertion était punie de mort et c’était une peine angoissante à prononcer, si l’on songe que par ignorance mutuelle des chefs et des soldats il pouvait arriver que ceux-ci eussent fini leur engagement. Dupleix traduisait fort heureusement et fort tristement cette situation, à propos de deux déserteurs dont on « avait cassé la tête » à la suite d’un tirage au sort, tandis que la peine de deux autres avait été réduite aux galères.

« Il est fâcheux que nous soyons obligés d’en venir à de pareilles extrémités ; nous nous y sommes vus forcés, ne voyant pas d’autre remède à la fréquente désertion qui nous réduirait quelquefois à n’avoir pas un soldat français. Il est encore plus fâcheux de condamner quelqu’un sans être certain du crime. Telle est la situation où nous nous trouvons, lorsque pour fait de désertion nous sommes forcés de procéder sans savoir le temps de l’engagement et combien il doit durer ; car enfin l’accord est mutuel. Lorsqu’un soldat s’engage à servir trois ans et que son temps est fini, on doit le renvoyer ou lui renouveler l’engagement. Si on ne fait ni l’un ni l’autre, nous ne croyons pas qu’il mérite la mort, puisque l’on commence à manquer à la condition qui le met en l’état ou de se rengager ou d’acquérir sa liberté[1]. »

C’est sans doute pour ce motif que les diverses nations européennes avaient résolu de se rendre réciproquement leurs déserteurs, à condition qu’à leur retour au détachement ils ne fussent l’objet d’aucune pénalité. Afin toutefois de rendre les évasions plus difficiles, le Conseil

  1. A. P. 107 ; p. 262.