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un étranger — avait pour mission d’obtenir du roi d’Assam la permission pour les Français de trafiquer dans son pays et, s’il réussissait, de lui remettre, avec une lettre personnelle, un cheval de choix à titre de cadeau : il importait toutefois que Mill ne sut rien de ces tractations. Dupleix le soupçonnait de travailler pour les intérêts anglais sous le couvert de leur association : il ne se croyait pas interdit d’en faire autant.

Mill et Mathée se rejoignirent le 27 juin en un endroit non dénommé sur le Brahmapoutre, à une assez longue distance de Dacca en remontant vers l’Assam. Mathée avait dû séjourner quelques jours à Dacca, pour y attendre de l’argent de Chandernagor. La navigation se fit dès lors de conserve sur ce fleuve immense, dont les rives sont si basses en son cours inférieur qu’il semble parfois qu’on navigue sur un lac sans fin dont les eaux lointaines se confondent avec l’horizon.

Peu après le 27 juin, Mill et Mathée arrivèrent à Falkhat et le 11 juillet à Rangamathy, qui était alors le point extrême des terres du nabab de Mourchidabad. Ils y restèrent trois jours, puis continuant leur voyage, ils parvinrent à Candahar, où il vint des vaisseaux du pays sur lesquels ils chargèrent leurs effets et marchandises. Là Mill prit de l’avance avec l’intention d’attendre Mathée à Goyatty, considéré comme étant sensiblement à la moitié du voyage.

Jusque-là il n’y avait eu aucun incident ; on avait passé librement entre toutes les terres et sur toutes les eaux du nabab de Mourchidabab et depuis Rangamathy les gens du roi d’Assam ne s’étaient pas montrés exigeants. Les difficultés habituelles commencèrent à Goyatty ; il fallut à chaque instant payer des droits de passage plus ou moins abusifs. On passa cependant et