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sime, dussent pénétrer sans difficulté au Bengale. Il n’en fut pas ainsi. Fatechem continuait de jouir du droit exclusif de faire fabriquer des matières d’argent. L’introduction de nos roupies ne signifiait nullement que nous entendions à l’avenir ne plus faire convertir aucune matière d’argent au Bengale, mais Fatechem avait certainement remarqué que l’usage de plus en plus répandu d’accepter au Bengale les roupies arcates diminuerait la fabrication des roupies siccas et par suite son bénéfice. S’il eut eu connaissance d’une lettre que la Compagnie écrivait en ce moment même au Conseil supérieur — 30 octobre 1737 — il aurait vu sa situation encore plus compromise. En cette lettre, la Compagnie recommandait de convertir en roupies de Pondichéry tous les fonds destinés au Bengale. Si ces ordres avaient pu être exécutés, les bénéfices que Fatechem et le nabab retiraient jusqu’alors de l’introduction de nos matières, auraient entièrement disparu.

Fatechem se défendit contre ce danger. La cour du nabab ayant résolu de s’opposer à la circulation des roupies de la Compagnie, une véritable conspiration s’établit contre elles de la part de Fatechem et des changeurs ; on répandit le bruit que leur titre était inférieur et on ne voulut plus les accepter que comme roupies courantes. Fatechem fit en même temps décider qu’il serait seul dans le Bengale à donner des lettres de change et à changer les roupies arcates en siccas. Le change lui-même fut porté de 8 à 10 ½ %. Le rapport des arcates et des siccas passait ainsi à 89, 50, tandis qu’auparavant la différence était de 6 % environ, soit 100 arcates pour 94 siccas ; même dans certains cas les deux roupies furent acceptées sur le pied d’égalité. C’était pour les Arcates une perte de 5 points ½ par la simple volonté de Fatechem et