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premier conseiller, avant M. Delorme, s’il reste, attendu le manque de sujets capables.

« À St-Denis, île de Bourbon, le 1 d’Août 1723.

« Signé : Beauvollier de Courchant. »


Cet ordre fut aussitôt communiqué à la Compagnie ; puis Beauvollier partit pour Pondichéry, où il arriva le 6 octobre et fut reçu par Lenoir de la façon la plus gracieuse. On le savait plein d’équité, de droiture, et de bonne volonté ; néanmoins, lorsque, le lendemain, il présenta Dumas au Conseil comme successeur de Delorme, plus que jamais décidé à rentrer en France, il rencontra une opposition unanime. Lenoir lui rappela dans quelles conditions Dumas avait été destitué par la Compagnie et lui présenta deux mémoires à ce sujet ; Delorme, plutôt que de consentir à un choix qui n’était pas juste, aima mieux se retirer et ne plus prendre part aux délibérations ; les autres conseillers se retranchèrent derrière les règlements en vertu desquels les employés ne pouvaient avancer qu’à l’ancienneté ; ils ne voulurent pas admettre qu’on fit un passe-droit, d’autant que Dumas n’était que dernier conseiller lorsqu’il fut rappelé en France, et déclarèrent n’accepter sa désignation que si le gouverneur en prenait la responsabilité, et pour éviter d’apporter des troubles dans la bonne gestion des affaires de la Compagnie. Beauvollier n’hésita pas à prendre cet engagement et Dumas fut admis au conseil le jour même.

Dupleix, Legou et Vincens, lésés dans leurs intérêts autant que dans leur amour-propre, protestèrent auprès des commissaires du roi contre l’injustice que Beauvollier les avait « comme forcés de faire » [1] ; le Gouverneur écri-

  1. A. C., C2 72, p. 205. Lettre du 19 février 1724.