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Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/146

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n’aiment point à se hazarder. Pour les stimuler, il falloit, de la part des Anglois du moins, un commencement d’opérations, un début heureux, dont cependant ils ne voyoient encore aucune apparence.

D’un autre côté la voie de négociation étoit encore plus difficile, à moins qu’on ne fût d’humeur à en passer par les conditions les plus dures. Souradjotdola avoit pour les Européens en général le mépris le plus outré ; une paire de papoches (pantoufles) disoit-il, étoit tout ce qu’il falloit pour les gouverner. Leur nombre, il est vrai, selon lui, ne pouvoit aller tout au plus qu’à dix mille hommes. Quelle crainte pouvoit-il avoir de la nation angloise qui assurément, ne devoit se présenter dans son esprit que pour un quart du total ? Il étoit donc très éloigné de penser que les Anglois pussent avoir l’idée de se rétablir par force. S’humilier, tendre de l’argent d’une main, et recevoir de l’autre avec joie la permission de se rétablir, étoit tout le projet qu’il devoit naturellement leur supposer. Le sien par conséquent étoit de les voir venir. C’est à cette idée sans doute qu’on doit la tranquillité avec laquelle il les laissa à Folta. Je crois bien aussi qu’il sentoit l’avantage de conserver chez lui une nation commerçante ; mais comme il savoit aussi que les Anglois avoient pour le moins autant d’intérêt à se rétablir que lui à les conserver, il devoit se flatter que les Anglois viendroient enfin à Jubé [?].