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Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/181

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la terreur de leurs armes, les défauts de Souradjotdola, le crédit dominant, et la politique rafinée des Chets, qui, pour mieux cacher leur jeu, disoient souvent pire que pendre des Anglois, sachant que cela faisoit plaisir au nabab, à dessein de l’animer davantage contre eux et de gagner sa confiance. Le nabab donnoit bonnement dans le piège, disoit tout ce qui pouvoit lui venir dans l’idée, et mettoit par là ses ennemis en état de prévenir tout le mal qu’il pouvoit leur faire. Ils avoient pour eux les principaux officiers de l’armée du nabab, Mirdjafér Alikhan, Khodadadkhan, Letti, et nombre d’autres que leurs présents et le crédit des Chets leur attachoient, tous les ministres de la vieille cour disgraciés par Souradjotdola, presque tous les secrétaires, les écrivains du dorbar[1] et [jusqu’aux] eunuques du sérail. Quel effet ne devoient-ils pas attendre de toutes ces forces

  1. Témoin cette fameuse lettre écrite à l’amiral Watson par laquelle on prétend que le nabab l’autorisoit à faire le siège de Chandernagor. Le mémoire anglois convient qu’elle fut surprise et qu’il fallut gagner le secrétaire pour l’écrire d’une manière convenable aux vues de M. Watts. Le nabab ne lisoit presque jamais les lettres qu’il faisoit écrire, d’ailleurs les Maures ne signent pas. L’enveloppe mise et bien collée, le secrétaire demande au nabab sa chappe, et en applique l’empreinte en sa présence, souvent même on en a une contrefaite. Les Maures, au lieu de leur nom au bas d’une lettre, mettent une espèce de paraphe qu’ils nomment beize, mais les paraphes se ressemblent presque toutes et très souvent ils ne se donnent pas la peine d’en mettre. La chape ou le cachet qu’on met sur l’enveloppe contient les noms et la qualité de la personne.