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Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/254

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effrontément 100.000 hommes. [Telles sont nécessairement toutes les armées dont le général n’est pas en état de payer les divers chefs ou commandants. Le courage, la bravoure ne leur manque surtout pas. Ils rassemblent ce qu’ils peuvent de cavaliers, font quelques avances et se battent quelquefois par attachement, mais le plus grand nombre dans la seule espérance d’un événement favorable qui pourra les dédommager. Le moindre revers les décourage ; telles étoient à peu près les armées avec lesquelles le Chazada s’est présenté en 1759 et 1760 pour se faire reconnoitre dans le Bengale.]

On ne voit rien de tel, dans l’armée d’Abdaly ; tout y est réel, les hommes ainsi que les chevaux et les armes. L’armée est divisée en escadron de mille cavaliers. Chaque escadron distingué par des bonnets[1] de différentes couleurs et sous le commandement d’un chef qui fait exactement son rapport à Abdaly même deux fois par jour. Ce chef a des officiers subalternes de la conduite desquels il répond. La revue des troupes se fait rigoureusement tous les mois, et, ce qui mérite attention, l’on y punit pour le moins aussi souvent que l’on y récompense. Quoique les troupes d’Abdaly

  1. Le bonnet patane est de cuir couvert de drap fait précisément comme un pain de sucre, dont on auroit coupé le sommet par le diamètre de 3 pouces ; le bas est entouré négligemment d’un turban de toile peinte, ce qui forme un bourelet épais et large.