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Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/261

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entrons en marché, le raja vous en donnera un prix bien au-dessus de leur valeur. » Je répondis au Sr Francisque que je n’étois pas venu à Benarès pour vendre mes effets, et encore moins les canons, qu’en partant je reconnoitrois volontiers par quelque présent les bontés du raja ; le Portugais ne parut pas content. Il revint deux jours après me dire, d’un air riant, qu’il n’étoit plus question des canons, que le raja n’y pensoit plus absolument, mais qu’il demandoit à me voir et qu’il falloit me disposer à lui faire une visite de cérémonie. C’est ce dont je me souciois très peu. Je promis cependant que je ferois cette visite qui fût différée autant qu’il me fut possible. Tout à coup le bruit se répand que les Anglois sont aux limites des terres du raja et vont entrer. Le raja alarmé me fit dire, toujours par son Portugais, que la nouvelle est certaine, que ne voulant pas exposer la ville de Bénarès à être pillée, il falloit ou descendre pour combattre nos ennemis, ou monter beaucoup plus haut, ce qui vraisemblablement engageroit les Anglois à s’en retourner. J’étois dans la bonne foy ; l’approche des Anglois n’avoit rien de surprenant, quoique le pays ne fut pas de la dépendance du Bengale, l’espérance de ne point trouver d’obstacle en remontant le fleuve, pouvoit les avoir engagés à nous poursuivre. Quel parti prendre ? aller au devant de l’ennemi, nos forces étoient trop inégales pour nous flatter d’avoir quelque succès ; d’un autre côté le parti de fuir au dessus de Bénarès