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Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/313

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sonnes prétendent que cette coutume ne fut établie que pour en abolir une qui s’étoit introduite, dont les maris étoient la victime. » Mais pourquoi cette coutume n’est-elle que dans certaines castes ? car il s’en faut de beaucoup que toutes les femmes ayent la permission de se brûler ; on dira, peut-être, qu’il n’y avoit que ces castes où les femmes s’avisassent d’empoisonner leurs maris. Quoiqu’il en soit[1], il est certain « qu’aujourd’hui la plupart des femmes paroissent se prêter à ce sacrifice par un sentiment d’honneur et d’affection conjugale. Il faut remarquer que le mari et la femme sont élevés ensemble dès leur enfance. La femme n’a aucune occasion de faire connoissance d’un autre homme ; toutes ses affections sont concentrées dans le seul objet de son amour. » Elle est instruite de bonne heure et préparée à ce sacrifice qu’elle est accoutumée à regarder comme le plus grand bonheur qui puisse lui arriver. Elle est fortement persuadée qu’en se brûlant avec son mari, elle sera heureuse avec lui dans l’autre monde, quoique, peut être, elle ait été maltraitée dans celui ci. J’ai vu brûler des femmes qu’on m’a assuré n’avoir pas été trop bien avec leurs maris. On fait entendre à la femme, que si elle néglige de donner cette dernière marque de son amour, elle court risque de perdre pour jamais son mari qui pourroit bien se remarier

  1. Scrafton’s Reflections, p. 10.