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Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/347

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sont accoutumés, il n’a aucun effet sur eux. Chacun prend ce qu’on lui donne pour sa véritable valeur, c’est à dire pour de grands mots, des expressions outrées, où il y a moins de sincérité que de bon sens.

J’ai vu aussi quelques rajas tenir le dorbar avec beaucoup d’ordre et de grandeur, mais ordinairement, chez les gentils, il y a moins de cérémonies ; leur dorbar est même quelque chose de comique. Ils sont tous presque nuds, ou du moins n’ayant qu’un morceau de toile autour des reins. Ils s’assoyent dans le premier endroit qu’ils se trouvent, toujours le plus près qu’il est possible de celui qui préside, de sorte qu’ils sont entassés les uns sur les autres. D’ailleurs, ils parlent tous en même tems ; on ne peut quelquefois s’entendre. C’est ce que j’ai vu au dorbar d’Hitebrao, général marate, et chez quelques rajas. On dit que les singes ont aussi leurs assemblées. Je crois qu’au premier coup d’œil, on trouveroit le dorbar des gentils assez semblables. Vous serez peut-être surpris de ce que les gentils ont tout le haut du corps nud jusqu’à la ceinture. Les brames, les rajas sont ainsi les jours de cérémonies, mais ce n’est qu’entre eux. Ce que nous nommerions un déshabillé est leur véritable habillement. Ils se frottent de bouze de vache la tête et une partie du corps, ils y ajoutent d’autres drogues de diverses couleurs ; ils se mettent au front et au nez les signes superstitieux qu’ordonne leur religion ; après quoi ils se passent