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Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/380

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où Dourdjousingue s’étoit rendu. Il y avoit placé la plus grande partie de ses fusiliers et caïtoquiers. Nous mîmes en délibération s’il ne seroit pas convenable de passer la rivière à un gué que nous avions reconnu. Nous consultâmes même un faquir hermite que nous trouvâmes assis sous un arbre et qui nous assura que c’étoit le seul parti que nous pouvions prendre. Nous étions cependant probablement perdus si nous avions suivi son avis. Heureusement je m’adressai au guide marate qui me dit de n’en rien faire ; en nous éloignant par là de la route de Dehly, nous aurions eu à parcourir un plus grand espace du pays des Djates où nous aurions trouvé un autre chef qui se seroit joint à Dourdjousingue. L’intention de celui-ci paroissoit même être de nous engager à passer la rivière par la manœuvre qu’il fit de placer sur ses bords devant nous un corps de quatre à cinq cens cavaliers un peu au dessus du village. Nous prîmes donc le parti de forcer le passage ; ayant fait avancer nos meilleures pièces, nous fîmes un feu si vif sur le bourg où étoit Dourdjousingue que l’ennemi n’y put tenir. Un seigneur djate m’assura quelques jours après que Dourdjousingue y avoit perdu plus de cent cinquante hommes. Le canon dissipa aussi bien vite les cavaliers qui étoient devant nous et nous passâmes, malgré les caïtoquiers embusqués, plus heureusement que je n’avois osé l’espérer. Après que nous eûmes passé, Dourdjousingue revint dans le bourg ;