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Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/383

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courage de plusieurs de ces Djâtes et d’un surtout qui, voyant ses camarades se retirer, eut la constance de rester à cent pas de nous pour dégager probablement son parent qui étoit tombé mort avec son cheval ; il se servit de son sabre pour couper les courroyes et enleva le corps malgré bien des coups de fusil qu’on tiroit sur lui. Nous eûmes à faire dans cette journée à plus de six mille hommes dont pour le moins quatre mille étoit cavalerie ; leur nombre augmentoit, et, quelques heures de plus, nous aurions eu certainement vingt mille hommes sur nous. [Nous prîmes quelques chevaux.]

La perte que nous fîmes ne fut rien auprès de ce que nous avions lieu de craindre. Nous eûmes six Européens blessés dont un mourut quelques jours après, huit ou dix sipayes blessés et quelques gens des équipages. La protection de la Providence parut encore spécialement à l’égard de nos animaux dont aucun ne fut tué, ce que je regarde comme un miracle vu la quantité de ces grosses caïtoques qu’on tiroit sur nous de toutes les haies et buissons qui étoient sur le chemin ; nos charettes et nos malles reçurent presque tous les coups.

Il étoit tard et nous devions assurément être fatigués, ayant marché dix sept petites cosses depuis deux heures du matin ; malgré cela nous en fîmes encore deux pour gagner un endroit où nous pourrions nous reposer. Nous tirâmes dans cette occasion plus de six mille coups de fusils et 800