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Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/387

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voir la réalité. D’un autre côté en suivant le prince, si j’allois dans le Bengale c’étoit tout ce que je pouvois désirer de mieux ; je me brouillois, il est vrai, avec le vizir, mais ce vizir étoit esclave des Marates ; son inimitié étoit tout aussi impuissante que son amitié. Je n’avois donc rien à craindre de lui, puisqu’Hitelrao agissoit par ordre de ses chefs. Si l’entreprise du Bengale n’avoit pas lieu, j’étois toujours sûr de me tirer d’affaire par la protection des Marates. Mon pis aller étoit de joindre Olkarmollar à Lahors et de l’accompagner lorsqu’il retourneroit dans le Dékan. Ma paix même avec le vizir n’étoit pas une chose bien difficile par le moyen d’Olkarmollar, supposé que la suite des événements me fit voir qu’il étoit de notre intérêt d’être attaché à ce ministre.

Le lendemain nous vîmes passer l’armée marate, ensuite le prince accompagné d’un millier de cavaliers tant mogols que patanes et indoustans. Ils campèrent vis à vis de nous. Je me rendis aussitôt à la tente d’Hitelrao, qui, après un entretien fort court me conduisit au prince.

Ne vous attendez pas je vous prie ici à une pompeuse description de cette visite, telle qu’on en peut voir dans bien des relations de voyage. C’étoit bon, supposé que la vérité n’en souffrit pas, dans un tems où l’empire mogol étoit dans tout son lustre. Ici, il ne faut pas un grand effort pour me tirer d’affaire. Tout doit répondre à la situation du prince qui ne différoit pas beaucoup de la mienne