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Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/406

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s’en tenir. J’ai dit quelque part qu’en partant d’Eleabad plusieurs de nos soldats avoient paru mécontents d’aller dans le Dékan, ici nous en vîmes bien la preuve. En deux jours, nous perdîmes environ soixante Européens qui désertèrent armes et bagages et s’en furent à Dehly. Il est vrai aussi que le vizir depuis longtems faisoit agir ses émissaires pour les attirer à son service, par l’espérance d’une forte paye. Il leur promettoit à chacun cinquante roupies par mois. Malgré cela, si notre départ avoit été pour tout autre endroit que le Dékan, je suis sûr que nous n’aurions pas perdu dix hommes. Cet événement prouve toujours que mon intention étoit véritablement de me rendre dans le Dékan. Si au lieu du bruit de notre départ pour cet endroit, j’avois fait courir le nom de tout autre, on n’auroit pas manqué d’attribuer la désertion, supposé qu’elle eut eu lieu, à mon obstination à me tenir éloigné de nos établissements. Quoiqu’il en soit, une pareille perte nous mettoit bien bas et réduisoit la troupe à une centaine d’Européens, l’état-major compris. [Huit ou dix mois après cependant, j’eus le plaisir de voir revenir au moins la moitié de ces déserteurs.] M. Jobard s’étant offert d’aller à Dehly pour tacher de ramener quelques uns de ces soldats dont plusieurs, y étant allés par congé, pouvoient bien n’y être restés que pour cause de boisson, je le fis partir[1],

  1. Il se présenta au vizir qui le reçut avec bonté et politesse.