Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/497

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gens à découvert de la poudre et autres matières enflammées, ce qui seul auroit pu les rebuter si notre canon que je fis diriger sur cette partie n’eût ralenti la vivacité d’une pareille défense. Enfin à coups de fusils et de bayonnettes on vînt à bout de repousser l’ennemi ; on gagna la quatrième porte par laquelle il rentroit, dont on s’empara quelque effort qu’il fit pour la fermer. Les assiégés dont plusieurs avoient leur famille dans la place étoient comme des furieux, cherchant la mort plutôt que de se rendre. Je crois même que sans la perte de leur commandant qui, heureusement pour nous fut tué, le nombre l’auroit emporté sur les efforts de nos soldats, qui ne pouvoient qu’être extrêmement fatigués. Mais la chute de leur commandant fut comme le signal d’une fuite générale par divers souterrains que nous ne connaissions pas, qui donnoient dans la plaine, par où les assiégés avoient déjà sauvé ce qu’ils avoient de plus précieux. Nous trouvâmes près de cent hommes tués et autant pour le moins de blessés qui n’avoient pu fuir. De notre côté nous eûmes sept sipayes tués, une dizaine de blessés et quelques Européens parmi lesquels étoit un de nos meilleurs sergents d’artillerie qui, étant aux pièces, reçut une balle de caytoque dans le pied.

Il n’y avoit rien de valeur dans la place, beaucoup de hardes, de cuivreries en ustensiles et quelques pièces de grosse toile. Le pillage fut asses bon pour nos soldats, mais bien plus encore pour les