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Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/32

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la Belgique et la Suisse étaient des tableaux de genre tragi-comiques et caricaturaux dans la grande fresque de l’histoire, l’une présentée comme l’État modèle de la monarchie bourgeoise, l’autre comme l’État modèle de la République bourgeoise, États qui s’imaginaient tous deux être aussi indépendants de la lutte des classes que de la révolution européenne.

Maintenant que nos lecteurs ont vu se développer la lutte des classes en l’année 1848 sous des formes politiques colossales, il est temps d’approfondir les rapports économiques eux-mêmes sur lesquels se fondent l’existence de la bourgeoisie et sa domination de classe, ainsi que l’esclavage des ouvriers.

Nous exposerons en trois grands chapitres : 1. les rapports entre le Travail salarié et le Capital, l’esclavage de l’ouvrier, la domination du capitaliste ; 2. la disparition inévitable des classes moyennes bourgeoises et de ce qu’il est convenu d’appeler la paysannerie sous le régime actuel ; 3. l’assujettissement commercial et l’exploitation des classes bourgeoises des diverses nations de l’Europe par le despote du marché mondial, l’Angleterre.

Nous chercherons à faire un exposé aussi simple et populaire que possible, et sans supposer connues à l’avance les notions même les plus élémentaires de l’économie politique. Nous voulons être compréhensibles pour les ouvriers. Il règne d’ailleurs partout en Allemagne l’ignorance et la confusion d’idées les plus étranges au sujet des rapports économiques les plus simples, chez les défenseurs patentés de l’état de choses actuel et jusque chez les thaumaturges socialistes et les génies politiques méconnus dont l’Allemagne morcelée est plus riche encore que de souverains.

Abordons donc la première question.