Aller au contenu

Page:Marx - Travail salarié et capital, 1931.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il est de toute évidence que le petit industriel ne peut pas résister dans une guerre dont une des conditions premières est de produire à une échelle toujours plus grande, c’est-à-dire d’être un gros et non point un petit industriel.

Que l’intérêt du capital diminue au fur et à mesure que la masse et le nombre des capitaux augmentent, que le capital s’accroît, que par conséquent le petit rentier ne peut plus vivre de sa rente, qu’il lui faut par conséquent se rejeter sur l’industrie, c’est-à-dire aider à grossir les rangs des petits industriels et de cette façon les candidats au prolétariat, tout cela n’a pas besoin de plus ample explication.

Au fur et à mesure enfin que les capitalistes sont contraints par le mouvement décrit plus haut d’exploiter à une échelle plus grande les moyens de production gigantesques déjà existants, et dans ce but de mettre en action tous les ressorts du crédit, les tremblements de terre industriels — au cours desquels le monde commercial ne se maintient qu’en sacrifiant aux dieux des Enfers une partie de la richesse, des produits et même des forces de production — deviennent plus nombreux, en un mot, les crises augmentent. Elles deviennent de plus en plus fréquentes et de plus en plus violentes déjà parce qu’au fur et à mesure que la masse des produits et par conséquent le besoin de marchés élargis s’accroissent, le marché mondial se rétrécit toujours davantage et qu’il reste de moins en moins de marchés à exploiter, car chaque crise précédente a soumis au commerce mondial un marché échappé jusqu’ici à la conquête ou exploité de façon encore superficielle par le commerce. Mais le capital ne vif pas seulement du travail. Maître à la fois distingué et barbare, il entraîne dans sa tombe les cadavres de ses esclaves, des hécatombes entières d’ouvriers qui sombrent dans les crises. Ainsi, nous voyons que lorsque le capital s’accroît rapidement, la concurrence entre les ouvriers s’accroît de manière infiniment plus rapide, c’est-à-dire que les moyens d’occupation, les moyens de subsistance pour la classe ouvrière diminuent dans une proportion plus grande, et que néanmoins l’accroissement rapide du capital est la condition la plus favorable pour le travail salarié.