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Page:Mary Summer - Histoire du Bouddha Sakya-Mouni, 1874.djvu/144

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fois il soupire, et ne prête qu’une faible attention aux discours de Sâkya-Mouni. Pauvre Ananda ! Loin de lui parler des fins dernières, cette nuit embaumée, ces bosquets mystérieux, lui rappellent trop éloquemment les joies de la terre. N’accusez que ses vingt ans : il pense à celle qu’il abandonna dans un de ces moments de folie héroïque où la jeunesse est capable de tous les sacrifices. Chaque nuit, il revoit en songe sa bien-aimée ; c’est en vain qu’il résiste ; le démon se blottit sous l’oreiller du religieux.

La lutte est le lot des âmes tendres. Saint Jérôme, dans le désert, se roulait sur des épines, pour oublier la beauté des Romaines ; les tentations d’Ananda ne l’empêcheront pas de devenir un des plus grands saints du Bouddhisme.

Mais voici un nouveau personnage qui ne porte pas la robe des religieux, et devant lequel chacun s’incline avec respect. C’est Djivaka, l’ami et le médecin du Bouddha. Il n’est guère plus âgé qu’Ananda, et déjà sa chevelure s’éclaircit ; son front est plissé par l’étude, sa physionomie sérieuse, son regard profond. Il a beaucoup voyagé ; il connaît les hommes ; c’est dire qu’il n’a conservé aucune illusion. La biographie du savant disciple