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Page:Mary Summer - Histoire du Bouddha Sakya-Mouni, 1874.djvu/181

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dha essaye encore de marcher ; le zèle de l’apostolat l’entraîne ; plus fort que la volonté, le mal terrasse le religieux ; il tombe épuisé sur le gazon, et se tord dans des spasmes douloureux. Ananda lui apporte un verre d’eau, pour rafraîchir ses entrailles desséchées ; il se traîne vers la rivière voisine, et, soutenu par deux disciples, il prend un bain. Au sortir de l’eau, on le couche dans un hamac qu’Ananda a fait suspendre entre deux grands arbres ; leurs rameaux fleuris, agités par la brise, secouent sur le front du malade une poussière embaumée. Né à l’ombre des jardins de Loumbini, le Bouddha veut mourir à l’air libre, sous le feuillage des forêts, au milieu des harmonies de la nature.

La nuit est venue, comme pour voiler cette scène de deuil ; point de torches ni de flambeaux ; les lucioles émaillent le gazon de lueurs verdâtres ; on est à la pleine lune de mai ; l’astre aux rayons froids baigne de clartés mystérieuses cette couche sur laquelle expire le meilleur des hommes. Les disciples se taisent ; qui oserait rompre le silence de cette veillée funèbre ? On n’entend rien, si ce n’est, parfois, dans les jongles, un tigre qui passe, en froissant les roseaux. La reine