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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/119

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Mais si les hommes se vantent, avec quelque apparence de raison, de leur force

    les mobiles qu’elle peut mettre en œuvre pour suppléer à sa foiblesse, et ces mobiles sont les passions de l’homme. Sa méchanique à elle est plus forte que la nôtre, tous ses leviers vont ébranler le cœur humain. Tout ce que son sexe ne peut faire par lui-même, et qui lui est nécessaire ou agréable, il faut qu’il ait l’art de nous le faire vouloir : Il faut donc qu’elle étudie à fond l’esprit de l’homme, non par abstraction l’esprit de l’homme en général, mais l’esprit des hommes qui l’entourent, l’esprit des hommes auxquels elle est assujettie, soit par la loi, soit par l’opinion. Il faut qu’elle apprenne à pénétrer leurs sentimens par leurs discours, par leurs actions, par leurs regards, par leurs gestes. Il faut que par ses discours, par ses actions, par ses regards, par ses gestes, elle sache leur donner les sentimens qu’il lui plaît, sans même paroître y songer. Ils philosopheront mieux qu’elles sur le cœur humain ; mais elle lira mieux qu’eux dans les cœurs des hommes ; c’est aux Femmes à trouver, pour ainsi dire, la morale expérimentale, à nous la réduire en systême. La Femme a plus d’esprit, et l’homme plus de génie ; la Femme observe et l’homme raisonne ; de ce concours résultent la lumière la plus claire, et la science la plus complette, que puisse acquérir de lui-même l’esprit humain, la plus sûre connoissance, en un mot, de soi et des autres, qui soit à la portée