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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/129

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roit pas le choix de ses amusemens. En un mot, les enfans des deux sexes joueroient innocemment ensemble, si l’on n’en marquoit pas la distinction long-tems avant que la nature y mette aucune différence. Je vais plus loin, et j’affirme qu’autant que mes observations ont pu s’étendre, j’ai vu que presque toutes les Femmes qui ont montré quelque force d’esprit et de raison, avoient reçu, par hazard, une éducation virile que quelques élégans instructeurs du beau sexe appellent sauvage.

Les funestes conséquences du peu de soin qu’on donne au physique dans l’enfance et dans la jeunesse, s’étendent plus loin qu’on ne le suppose. La dépendance du corps produit naturellement celle de l’ame. Comment remplira-t-elle exactement les devoirs d’épouse et de mère, celle qui la plupart du tems souffre des maladies ou s’occupe à les prévenir ? Il ne faut pas non plus espérer qu’une Femme cherche à fortifier sa constitution, à s’abstenir des délicatesses qui l’énervent, si des notions artificielles de beauté et d’une sensibilité fausse se sont de bonne heure liées aux motifs de ses actions. Les hommes sont