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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/136

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c’est l’ouvrage de la passion. L’homme, accoutumé à fléchir devant le pouvoir, dans son état sauvage, se dépouille rarement de ce préjugé barbare, lors même qu’il voit par la civilisation, que la force mentale est supérieure à la force physique, lors même qu’il tourne ses pensées vers la divinité. On veut que la toute-puissance de Dieu l’emporte sur ces autres attributs, qu’elle ait la prééminence ; et ceux qui pensent qu’elle doit être réglée par sa sagesse, sont regardés comme des sacrilèges qui entreprenent irrévérencieusement de limiter le pouvoir divin.

Je n’adopté point cette humilité spécieuse, qui, après avoir étudié la nature, s’arrête devant son auteur : l’Éternel a sans doute des attributs dont nous ne pouvons nous former aucune idée ; mais ma raison me dit que ces attributs inconnus ne peuvent pas être en contradiction avec ceux que j’adore, et je me sens entraînée à les imiter.

Il semble naturel à l’homme de chercher l’excellence, et de croire la découvrir dans l’objet que son enthousiasme ou son aveuglement a, pour ainsi dire, revêtu de per-