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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/148

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accablée ; quand le tems, adoucissant ses regrets, lui a inspiré quelque résignation, son cœur se tourne vers ses enfans avec un redoublement de tendresse et de sollicitude pour eux : le sentiment imprime quelque chose de sacré, d’héroïque, à ses devoirs maternels ; elle ne songe pas seulement que le public est témoin de ses vertueux efforts d’où doivent résulter sa consolation et l’approbation de sa vie ; mais l’imagination exaltée par la douleur, elle se complaît dans la douce espérance que les yeux que sa main tremblante a fermés, pourront la voir supportant tous les obstacles pour remplir les doubles devoirs de père et de mère de ses enfans. Parvenue à l’héroïsme par l’infortune, elle se refuse aux séductions de l’amour, et, dans la fleur même de l’âge, elle oublie son sexe ; elle oublie le charme d’une passion naissante qu’elle pourroit encore inspirer et partager ; elle ne songe plus à plaire ; et le sentiment de sa dignité prévient en elle l’orgueil d’une conduite digne d’éloge. Ses enfans ont son amour, et ses espérances les plus brillantes sont au-delà du tombeau, dans un avenir où son imagination se plaît souvent à s’égarer.