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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/150

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base que l’utilité, et les hommes se prétendant les juges arbitraires de l’utilité de la vertu, la déterminent sur leur propre convenance.

J’accorde que les Femmes ayent des devoirs différens à remplir ; mais ce sont des devoirs humains, et je soutiens effrontément que les principes doivent en être les mêmes.

Pour qu’elles soient respectables, il faut de toute nécessité qu’elles exercent leur entendement ; car’il n’est point d’autre base à l’indépendance du caractère. C’est dire explicitement qu’au lieu d’être les modestes esclaves de l’opinion, elles ne doivent se rendre qu’à l’autorité de la raison.

D’où vient que dans les rangs supérieurs, on trouve si rarement un homme doué, je ne dis pas de talens supérieurs, mais même des connoissances les plus communes ? La raison en est simple ; c’est qu’ils naissent dans un état non-naturel. Le caractère humain s’est toujours formé par les occupations individuelles, ou par des opérations collectives, et si nos facultés n’étoient point aiguisées par la nécessité, elles resteroient obtuses. Il est aisé d’ap-